LA GUERRE ET L’ITALIE bientôt sur Salonique, auront montré que l'Allemagne passait à l’exécution de ces projets ambitieux conçus dans les Universités par ses intellectuels. D’ailleurs, n’est-ce pas par l’Orient que la guerre a commencé? N’est-elle pas fonction du Drang nach Osten? Là encore, toutes les vues, toutes les idées, toutes les positions de l’Italie seraient bouleversées si les plans de l’Allemagne devaient réussir et si l’Empire allemand plaçait les Etats des Balkans sous sa dépendance et les réduisait, suivant l’expression des théoriciens du pangermanisme, à la condition d’une « Europe subgermanique. » La politique de l'Italie dans les pays balkaniques a surtout été faite jusqu’ici de rivalité avec l’Autriche, de méfiance vis-à-vis des Serbes et des Grecs. Pour reprendre l’ancien empire de Venise sur les îles et les côtes de l’Adriatique orientale, pour dominer de Trieste à l’Albanie, il ne s’agissait pas seulement pour l’Italie d’exproprier les Habsbourg. D’autres concurrents s’étaient peu à peu découverts à elle. Les Slaves d’Autriche-Hongrie, descendus vers la mer, devenus, par le mouvement des nationalités, plus conscients de leur personnalité et de leur langue, ne se connaissent pas seulement comme différents de leurs maîtres de Buda-Pest et de Vienne,