124 LA GUERRE ET L'ITALIE limites de ce parallèle. Mais de nombreux Italiens, dans le monde de l’intelligence, ne répugnent pas à l’admettre en ce qu’il a de vrai et d’honorable. L’Allemagne s’est discréditée par sa grossièreté, sa barbarie, son mépris pour le droit des gens et pour les traditions de la morale publique. Personne ne voudra contester qu’elle a donné, depuis un demi-siècle, un grand exemple d’acharnement au travail, d’effort, de sacrifice, môme en vue d’une cause mauvaise. Avec plus de sagesse, plus de mesure, les qualités qu’elle a montrées auraient pu lui assurer cette hégémonie, cette domination dont elle a rêvé et qu’elle a manquées, par excès d’infatuation brutale. Certes, l’Italie a mis autrement de goût, de modération, de discrétion et de finesse dans la recherche de la force et de la grandeur. Mais ce qui, au fond d’elle-mème, l’a poussée invinciblement à devenir puissance militaire, maritime, industrielle, coloniale, c’est le môme instinct dont était en même temps animée l’Allemagne. Chez toutes deux agissait le même dynamisme. Chez toutes deux se révélait la même volonté de puissance. Nous ne parlons pas des nouvelles nationalités balkaniques, si tumultueuses, encore insuffisamment évoluées et dont le sort est incertain : mais où y aura-t-il eu en Europe, depuis quarante ans,