148 LA GUERRE ET L'ITALIE devait être prise par le roi d’accord avec ses ministres, l’heure aussi où les intrigues allemandes pesaient sur l’Italie et lui faisaient sentir le poids du joug étranger: Dans la grande soirée du 13 mai, s'adressant à la foule, Gabriele d’Annun-zio reprit cette grande parole de reine. Il en fit jaillir, avec son éloquence et son lyrisme, tout le sens national. Il en tira un commentaire poétique qui souleva d’enthousiastes acclamations. L’hôtel Regina, d'un balcon duquel parlait le poète, n’est pas éloigné du palazzo Margherita. Et les journaux de Rome, le lendemain, racontèrent que, derrière l’une des fenêtres du palais, on avait aperçu une silhouette de femme, — celle de la reine mère, qui écoutait monter la voix du peuple italien acclamant encore une fois la guerre libératrice. La guerre que le peuple italien a voulue, dans laquelle il est entré volontairement, c’est la suite, en effet, de ses guerres du xixe siècle, de ses guerres pour l’indépendance, les guerres où, depuis Charles-Albert, il a toujours été conduit par des princes de la maison de Savoie. La guerre que l'Italie a entreprise en 1915, où elle a Victor-Emmanuel III à sa tête, est en ce sens une guerre profondément traditionnelle. Et ces traditions italiennes, confondues avec celles de la