LE MOIS HISTORIQUE DE L'ITALIE (MAI 1915) 241 attendait de tous côtés que fussent proclamés les destins de l’Italie nouvelle. Le mot que se murmuraient les Génois cinquante-cinq ans plus tôt, le « par tono stanotle », qu’ils s’annonçaient joyeusement en parlant des Mille, c’est à l’armée italienne, devenue l’une des grandes armées de l’Europe, avec ses millions de soldats, qu’il s’appliquait cette fois-ci. Le grand départ semblait prochain. Le roi, les ministres étaient attendus à Quarto, d’où ils devaient en faire l’annonce solennelle. Et, mettant fin à son exil volontaire, un poète italien revenait dans sa patrie pour ne pas manquer cette heure. M. Gabriele d’Annunzio avait déclaré qu’il ne rentrerait en Italie que le jour où l’Italie se réveillerait. Se doutait-il alors du rôle que les événements lui réservaient dans ce réveil ? Savait-il que, du rocher de Quarto, lui aussi devait partir pour des aventures?... On peut dire que, durant cette journée de fête, tandis qu’on ignorait encore que la rupture avec l’Autriche fût un fait accompli, tout le peuple italien, l’Europe, le monde entier avaient les yeux fixés sur la roche historique. Là, pensait-on, serait annoncée l’entrée de l’Italie dans la guerre... Avec quels sentiments partagés fut accueillie la nouvelle que ni le roi ni les ministres n’assisteraient à la cérémonie, on se le rappelle encore, Ri