L'AVENIR 283 prudent qui méconnaîtra qu’elle se trouve désormais à égalité avec les plus grands. Quoi qu’il arrive, quelle que soit l’issue de l’entreprise des alliés, voilà, pour le peuple italien, un premier résultat acquis. Ce bénéfice politique et moral ne lui sera plus enlevé. D’autre part, rachètera-t-il au prix du sang les villes et les provinces réclamées par l’irrédentisme ? Restaurera-t-il ¡’Empire vénitien sur une Adriatique qui aura cessé de lui être « très amère », où il n’aura plus à subir le voisinage d’une Autriche favorisée par les meilleurs ports, par des îles et des côtes hospitalières? Ce sont des secrets qui reposent encore dans le sein de l’avenir. Mais, dès maintenant, l’Italie a réalisé son hypothèque sur Vallona, ce Gibraltar albanais. La possession de Rhodes ne lui est plus contestée. Matériellement non plus, elle ne sortira pas de cette guerre les mains vides. Ce qu’il convient de ne pas perdre de vue, c’est que la guerre qu’a faite l’Italie est surtout une guerre d’expansion et de conquête. Ni la France, ni l’Angleterre, ni la Russie, pour ne parler que d’elles, ne sont entrées en campagne avec des visées d’agrandissement. On le sait de reste : il s’agissait pour ces puissances de défendre leur vie, de résister à une attaque et à une menace de destruction. 11 y a là, au point de départ, entre