48 LA GUERRE ET L’ITALIE Longtemps, des deux associés, on s’est demandé lequel mangerait l’autre. Aujourd’hui la question ne fait plus de doute pour personne : l’élément monarchique l’a définitivement emporté en opérant une magistrale synthèse, une souple conciliation. Les princes de la maison de Savoie ont eu à ce moment-là pour avantage, pour immense supériorité, de ne pas douter d’eux-mèmes ni de leur avenir. Dans un temps où la plupart des rois ne croyaient plus beaucoup à la monarchie, ils ont eu confiance. Metternich disait avec pitié de ces souverains qui se laissaient détrôner sans résistance après être allés avec fatalisme au devant des barricades : « Je suis tellement habitué à voir les rois se regarder comme un abus, que je ne serai plus surpris si j’en vois un solliciter au premier jour l’emploi de marguillier d’une paroisse. » Au lieu d’abdiquer devant les révolutions, les Savoie ont eu l’audacieuse idée de se mettre à leur tète. Telle a été la grande et durable originalité de leur politique. Chose étrange : c’est le plus célèbre des philosophes de la doctrine contre-révolutionnaire, c’est Joseph de Maistre en personne qui leur avait •conseillé cette politique hardie. Diplomate au service des rois de Sardaigne, l’auteur du Pape aura indiqué à ses maîtres le chemin qui devait