LA GUERRE ET L’ITALIE La difficulté, pour Victor-Emmanuel, consistait à établir en Italie une monarchie subversive fondée sur la ruine du pouvoir temporel des papes, sur les débris d’autres trônes, et qui restât quand même une monarchie, gardant son caractère et son autorité. La première condition du succès, dans une entreprise aussi délicate, a été parfaitement remplie par le premier roi d’Italie. Il s’agissait d’étouffer, dans son cœur de Savoie, les préjugés, les scrupules, tout ce qui, dans la tradition des siens, était sentiment. Victor-Emmanuel II fut l’homme de cette tâche. Avec son ministre Cavour, il a fourni le modèle de ce que peuvent accomplir d’audacieux en ce monde des esprits nés pour la politique, aptes à .se déterminer d’après l’intérêt politique. Certains mots, restés fameux, qu'on leur a si hautement reprochés, tel le « Faites, mais faites vite », ont indigné jadis l’Europe conservatrice et légitimiste. Cependant Victor-Emmanuel fondait pour l’avenir une nouvelle légitimité. Il la fondait sur le sentiment national italien, sentiment puissant dont il était tout entier pénétré. On a eu tort de nier la sensibilité de Victor-Emmanuel, ou plutôt de ne pas la comprendre. Elle était nationaliste. Elle allait à l’Italie opprimée, à l'Italie martyre et souffrante. Quand,