300 LA GUERRE ET L ITALIE d’accord. Pangermaniste en dépit de son nom français, Paul de Lagarde avait déjà annoncé, en 1886, « la guerre qui devait fonder l’Europe centrale. » C’est à cette guerre que nous assistons aujourd’hui. L’Italie sait bien qu’elle n’a rien à gagner à ce que la question de l’Adriatique au lieu de se poser entre elle et l’Autriche, se débatte avec une plus grande Allemagne. Elle sait que la question de Trieste peut redevenir demain celle de Venise, après demain celle de Milan. Elle se souvient qu’en 1859, après Magenta et Solférino, la Prusse, et toute la Confédération germanique avec elle, considérant qu’il s’agissait d’une affaire allemande, s’étaient déclarées prêtes à soutenir l’Autriche et, par la menace d'une intervention sur le Rhin, avaient déterminé Napoléon III à signer les préliminaires de Villafranca. L’Italie est trop avertie de ses intérêts, de sa situation en Europe, pour ne pas faire entrer en ligne de compte l’éventualité de la formation d’une puissance germanique accrue, et telle qu’elle égalerait une sorte d’Empire de Charles-Quint. Elle sait bien qu’elle en serait la première victime et la plus mal traitée. Si, d’ailleurs, l’Italie est entrée dans la guerre, c’est parce qu’elle a compris que son immobilité faciliterait la tâche de l’Alle-