188 LA GUERRE ET L’ITALIE franchissement serait consacré. Cependant l’Autriche restait encore pour elle trop menaçante. Que l’Italie se trouvât seule en présence de l’Autriche, et son unité, toute fraîche, encore fragile, courait de graves dangers. Du moment que l’Italie ne voulait et ne pouvait vivre avec l’Autriche en ennemie déclarée, il n’y avait qu’une ressource : c’était de s’entendre avec elle. Mais pour s’entendre sans se livrer, pour que la solution fût honorable et ne comportât pas plus d'inconvénients que d’avantages, il fallait recourir à un tiers. Bismarck fut là, offrit ses bons offices. Les relations de l’Italie avec la cour de Vienne s’établirent par Berlin. L’alliance allemande devint ainsi pour l’Italie une assurance contre l’Autriche. Appliqués à l’Italie nouvelle, bien des traits de l’ancienne politique des ducs de Savoie, politique d’équilibre et de prudence, se retrouvent dans cette combinaison. Et il semble aussi que les hommes d’Etat qui ont conclu le pacte triplicien aient eu le dessein de prémunir l’Italie contre deux tendances sentimentales. L’une était la haine de l’Autriche, qui, en provoquant une guerre prématurée, eût exposé le peuple italien à des désastres. L’autre tendance, — celle-là un peu moins à craindre, sans doute, mais non pas tout à fait imaginaire cependant, — pouvait