25G LA GUERRE ET L'ITALIE vie comme étant en péril. Quant aux députés neutralistes les plus gravement impopulaires, ils devaient, sur l’avis de la sûreté générale, passer la nuit qui précéda la séance du 20 mai, non pas à leur domicile, mais dans un hôtel qui fait face à Montecitorio : ils n’eurent ainsi, pour se rendre à la Chambre, sans reprendre contact avec la foule hostile, qu’à traverser la petite place, fermée à toutes ses issues par des détachements de police protecteurs. Ainsi se peignait aux yeux le désaccord qui séparait la nation du Parlement, et l’on ne manqua pas de s’amuser de cette allégorie, assez humiliante pour les « giolittiens, » pour ceux que la presse nationaliste surnommait la « camorra giolittienne. » Pour comprendre l’état d’esprit de la population romaine, il faut se rappeler qu’aux dernières élections le suffrage universel venait de s’y partager entre les nationalistes, parti nouveau-né, à la fois réactionnaire, démagogique et doctrinaire, — et les démocrates traditionnels, héritiers de Garibaldi et de Mazzini, représentants de l’idée irrédentiste, champions de l’achèvement de l’unité italienne. Toutes les forces de la capitale, tous ses éléments intellectuels et moraux, son élite aussi bien que sa plèbe, se trouvaient ainsi orientés dans la même direction. Les nationalistes-impérialistes de