204 LA GUERRE ET L’ITALIE ressaisir sous le régime jeune-turc l’influence qu’elle avait eue à Constantinople sous Abdul-Hamid, l’Italie l'avait obligée à choisir, l’avait mise dans une position souverainement désagréable. En définitive, quelque prudence, quelque duplicité qu’elle y eût apportées, c’était pour l’Empire ottoman que l’Allemagne avait pris parti contre les Italiens. L’opinion publique, en Italie, ne l’avait pas ignoré et elle en avait été gravement froissée. Aussi l’Allemagne croyait apercevoir une occasion de réparer le dommage causé et de reconquérir les bonnes grâces du gouvernement et du peuple italiens, et elle s’en emparait avec joie. Elle leur offrait son concours dans les questions méditerranéennes, — à charge de revanche, bien entendu. Sagement, l’Italie s’est méfiée du piège. Quelque valeur qu’elle pût attacher à la possession du Dodécanèse, elle ne voulait pas lui sacrifier sa politique d’équilibre ni engager son avenir. Il semble qu’à aucun moment elle n’ait manœuvré avec plus d’adresse pour conserver sa précieuse liberté de mouvements. Elle, avait refusé à l’Allemagne d’introduire dans l’ancien traité de la Triplice une clause qui eût trait aux questions méditerranéennes. Mais elle prenait d’autre part ses précautions. Le 23 février 1913, le marquis de