40 LA GUERRE ET L'ITALIE révolutionnaire ou carbonariste d’ancien style qui a poussé l'Italie dans la guerre. Les éléments démocratiques se sont trouvés réunis, par une large synthèse, dans la poussée nationale, aux autres éléments du pays. Mais justement, le caractère national a tout emporté, la parole du roi atout dominé. Du Transtévère lui-même, traditionnellement anticlérical, pas une pierre, pas un cri hostile n’est parti contre le Vatican : phénomène dont les observateurs ont été frappés. Depuis, un Barzilaï, républicain, s’est rallié à la monarchie. Voilà la vraie nature du mouvement de mai 1915, qui a marqué un renouvellement du patriotisme historique italien par la subordination de l’ancien élément révolutionnaire à l’esprit national. C’est pourquoi j’ai pu dire à Gabriele d’An-nunzio, qui n’a pas répondu non, que, s’il avait été le poète de ces journées, plus heureux du moins que Lamartine, il n’avait pas fait de révolution. Mais un rapide coup d’œil sur la période la plus récente de l’histoire italienne suffira à nous convaincre qu’un mouvement national comme celui du mois de mai 1915 ne pouvait à aucun degré offrir le risque de suivre un courant révolutionnaire.