i'ii LA GUERRE ET L'ITALIE coup de Tanger, mais dont la présence lui était devenue odieuse depuis les célèbres «journées de novembre », où le chancelier avait affecté de prendre le souverain sous sa protection après lui avoir infligé un désaveu et un blâme publics. Aussi, en chargeant M. de Biilow de cette mission délicate, Guillaume II, dit-on, faisait ce double calcul : « Si Biilow réussit, et dans mon personnel diplomatique je ne vois que lui qui soit capable de réussir, le bénéfice sera pour mon Empire et pour moi. S’il échoue, c’est que tout autre doit échouer à sa place. Son échec le diminuera et ma vengeance sera plus complète. » Cependant le départ du prince de Biilow pour Rome était salué avec des cris de joie par les journaux allemands, et les Dernières nouvelles de Munich, avec un mauvais goût parfait, parlaient d’un « coup de canon diplomatique de 420. » A quoi un organe nationaliste de Rome répliquait avec rudesse : « Philippe de Macédoine disait que toute forteresse peut être conquise par un âne chargé d’or. Il paraît que l’âne chargé d’or serait arrivé à Rome voilà quelque temps, mais la forteresse de la politique italienne n’est pas tombée. Aujourd’hui l’Allemagne veut employer des moyens plus modernes et plus perfectionnés avec le mortier diplomatique de 420 représenté par