20 LA GUERRE ET L'ITALIE de vivre, que son plus mortel ennemi, Metternich, avait pu se flatter de l’avoir pour jamais définie « une expression géographique. » Cependant ne négligeons pas ceci : quelque chose, et quelque chose de fort, subsiste de la période héroïque, de la période douloureuse d’où a daté la renaissance politique, la résurrection (Risorgimento) du peuple italien : c’en est la part morale, c’en est l’idéalisme, c’en est la poésie. Nous avons pu dire un jour à Milan devant quelques personnes qui ont bien voulu nous passer le jeu de mots : « 11 semble qu’on assiste ici au risorgimento del Risorgimento ». Il y a eu, en effet, dans l’Italie de 1915, une véritable résurrection des sentiments par la vertu desquels, au siècle dernier, l’Italie était sortie de son tombeau. Pour avoir l’intelligence de ce qui s’est passé, durant la grande crise européenne, dans les esprits italiens, il faut se rendre un compte exact des éléments divers qui sont entrés en action. Parmi ces éléments, la tradition historique et le souffle poétique du Risorgimento ne sont pas les moindres, et, à en faire abstraction, on se tromperait sur les causes générales de la guerre comme sur l’état d’esprit et l’orientation du peuple italien. Très peu répandu en France, si ce n’est dans