244 LA GUERRE ET L'ITALIE litti passait pour être resté la personnalité la plus influente de toute l’Italie. L’homme d’Etat qui avait engagé la campagne de Tripolitaine, donné à son pays le suffrage universel, régné sur le Parlement, où sa main puissante avait fondu les partis et laissé survivre une seule majorité, la majorité giolittienne, — cet homme d’Etat pouvait-il parler sans qu’il fût plus que probable qu’il serait entendu ? Pouvait-il montrer le désir de reprendre le pouvoir sans que le pouvoir dût immédiatement lui être remis? Est-ce qu’il n’avait pas, en somme, délégué le gouvernement à M. Salandra comme à un lieutenant qu'il se proposait de remplacer, lorsque la charge deviendrait trop lourde et demanderait le retour du vieux pilote? Et puis, c’était le Piémont, et non-seulement le Piémont commerçant, industriel et financier, mais encore le Piémont militaire et loyaliste, que représentait M. Giolitti, où M. Gio-litti était maître, c’était le Piémont, cœur de la monarchie, qui semblait venir avec lui à Rome, se présenter au Parlement et au Palais royal... A tenir compte de tous ces éléments, la démarche de M. Giolitti, de qui l’on connaissait les doutes sur l’attitude la meilleure à observer par l’Italie, pouvait sembler capable d'arrêter net l’intervention.