SENTIMENTS ET VOLONTÉS DE L’ITALIE 15 barbe en broussaille, et qui gardaient patiemment la voie ferrée, — au sortir de cette France en tenue de campagne et en armure de guerre, que trouvions-nous en effet? Une Helvétie qui, dans sa partie romande, frémissait des mêmes passions et des mêmes espoirs que nous, et qui, dans sa partie alémanique, était pareillement prête à défendre ses frontières, décidée à ne pas subir le sort de la Belgique, et dont les montagnards étaient sur pied depuis bientôt près d’un an pour la sauvegarde de leur indépendance. Et puis, lorsque, le Simplon franchi, nous pénétrions en Italie, c’était encore le même spectacle militaire qui s’offrait à nos yeux, avec quelque chose de plus toutefois : cettô activité, cet allant, cette rumeur allègre des premières semaines de guerre que nous avons connus aussi en France au début des hostilités... En définitive, mobilisés de France, de Suisse ou d’Italie, tous montraient, devant l’accomplissement du rude devoir militaire, non pas des visages résignés, mais des regards résolus, une acceptation entière. Quelle vision, rapide sans doute et fragmentaire, et pourtant évocatrice et précise comme un document photographique, de l'Europe de 1915 et des lourdes et terribles tâches que l’existence d’une grande Allemagne a imposées à tous les peuples européens Lu