212 LA GUERRE ET L’ITALIE Veuillez accepter mes meilleurs remerciements pour l’aimable télégramme que vous et le comte Berchtoid venez de m’adresser. En vous félicitant chaleureusement de l’heureux résultat que vos entretiens à Abbazia ont eu, je tiens à me joindre aux sentiments de satisfaction que vous en éprouvez, et c’est un vrai plaisir pour moi de vous renouveler, à celte occasion, l’expression de mon amitié la plus sincère. Rarement, sans doute, la Triplice avait-elle présenté autant d’apparences de solidité et d’intimité. Cependant, ceux qui, — à l’exemple de notre ambassadeur, M. Camille Rarrère, — ne désespéraient pas de voir, au cas d’une guerre européenne, l’Italie suivre une autre direction, ceux-là ont eu raison parce qu’ils connaissaient la complexité des intérêts auxquels la politique italienne doit faire face, l’équilibre, souvent difficile, que sa position même l’oblige à tenir, le caractère circonstanciel des décisions qu’elle est appelée à prendre (1). S’il y avait des inconnues au sujet de l’attitude que l’Italie observerait au cas d’une guerre euro- (1) Il est curieux et important de remarquer qu’au mois d’août 1914, durant les premières journées de la guerre européenne, les nationalistes italiens, ceux qui devaient être bientôt ies plus ardents à demander l'intervention contre l’Autriche, donnaient encore pour mot d'ordre à leurs partisans et au public : ci Pas de sentimentalisme austrophobe. » Ce souvenir, et avec raison, ne les gêne pas aujourd'hui. Il atteste que l’Italie a fait une guerre réfléchie et d'intérêt national.