122 LA GUERRE ET L’ITALIE servir, dans une large mesure, à transformer l’alliance occasionnelle de 1866 en un système plus étendu, celui de la Triplice, l’unité italienne et l’unité allemande étant considérées comme se garantissant l’une l’autre. Ce point d’histoire ne doit pas être perdu de vue : il y aura toujours des hommes, en Italie et en Allemagne, dans certaines éventualités de l’avenir, pour l’évoquer de nouveau et tenter de lui rendre son ancienne valeur. Ainsi l’Allemagne et l’Italie ont connu, au xixe siècle, des points de départ, des situations, des vicissitudes semblables. L’unité italienne s’était faite par les mêmes idées, par les mêmes procédés (ou peu s’en faut) que l’unité allemande. Le Piémont avait tenu en Italie le même rôle que la Prusse dans le monde germanique. Avec toutes les nuances dont il faut tenir compte, Ca-vour et Bismarck, Guillaume Ier et Victor-Em-manuel II, les patriotes italiens et les intellectuels allemands, avaient rempli la même fonction, animés du même désir : celui de constituer de grandes nations, de robustes Etats aux lieüx où il n’y avait encore que division, dispersion et faiblesse. L’état des esprits, le courant général des idées avaient été les mêmes, tant qu’il s’était agi d’atteindre le but. Le but atteint, comment