98 LA GUERRE ET L'ITALIE sur toute son œuvre, ont retenti les événements qu’a traversés l’Italie de son temps. Ce pur lyrique a été un grand poète national. L?exemple de Carducci, qui ne fut nullement un barde populaire, mais un poète savant, un poète grammairien, montre combien les idées et les opinions politiques peuvent exercer d’influence sur les théories littéraires. La lutte entre classiques et romantiques, qui a eu bien des phases en France, fut aussi l’accompagnement des convulsions intérieures par lesquelles l'Italie du xixe siècle a passé. Carducci, qui était né en 1835, parvint à l’adolescence au moment où les esprits étaient le plus exaltés. Son père, un carbonaro de la vieille école, était démocrate et chrétien. Dans la Maremme « où fleurit son triste printemps », Giosue enfant élabora des idées plus radicales. Il fit ses premiers vers à quatorze ans, quand Maz-zini soulevait Rome, et les vers du jeune Giosue chantaient « la République sainte ». Déjà il prenait en haine les auteurs dont son père lui imposait la lecture : le pleurard Manzoni surtout, et tous les romantiques, vaguement teintés de christianisme, de là même école. A vingt ans, comme beaucoup de jeunes hommes de cette génération italienne, Cardueci était avec fougue athée et ré^ publicain, ennemi du pape et des rois, ennemi