SENTIMENTS ET VOLONTÉS DE L’ITALIE 17 révoltait les cœurs. Mais, dès le 3 août, interprétant, soulageant la conscience italienne, le gouvernement de Victor-Emmanuel III déclarait sa pleine et entière neutralité, abandonnant à l’Allemagne et à l’Autriche la responsabilité de leur provocation. Et alors, on put voir les Italiens de Paris relever la tête, mettre de la joie et de la fierté à arborer, à la manche, à la boutonnière, au chapeau, le tricolore rouge, blanc et vert qu’on ne verrait pas ennemi du tricolore bleu, blanc, rouge. Ils obéissaient au même sentiment, les artilleurs italiens qui, à la même minute, sur la frontière des Alpes, changeaient la direction de leurs canons, ne voulaient plus que la bouche en fût tournée vers la France, — en signe que les Français pouvaient avoir confiance, se consacrer tout entiers, sans avoir de souci du côté du Sud-Est, à refouler l’envahisseur. Et cette attitude, loyalement prise, loyalement observée par l’Italie dès le premier jour du conflit, dès la déclaration de guerre, est-ce qu’elle ne l’engageait pas déjà ? Est-ce qu'elle ne la faisait pas entrer dans la voie qui la conduirait à intervenir aux côtés de la France? L’heureux, le bel événement s’est produit à son heure, à l’heure où il devait, où il pouvait survenir avec l’efficacité la plus com- •2