LA GUERRE ET L'ITALIE Telle est une des dispositions essentielles de leur intelligence et de leur sensibilité, ouvertes aux voix de l’histoire. Cette disposition, les Allemands, qui la connaissent, n’ont pas manqué de la cultiver. On nous a conté que, durant les semaines où le prince de Bülow négociait et intriguait désespérément à Rome, des agents de l’Allemagne, des commis-voyageurs de Guillaume II, faisaient, dans les osterie (en Toscane surtout), des cours d’histoire moderne aux villageois pour tenter de leur démontrer que l’intérêt de l’Italie était de se ranger du côté austro-allemand. Vaine tentative, d’ailleurs, emportée avec le reste par le grand courant qui a entraîné l’Italie. Mais, pendant quelque temps, aux marchés des bourgs toscans, on a pu entendre des ruraux discuter d’histoire italienne et, doctes comme des manuels allemands, soutenir la thèse gibeline. *** L’Italie est allée à la guerre, à « sa » guerre, ■ comme elle dit avec une précision voulue et une juste fierté, animée d’une passion et d’un enthousiasme dont plusieurs caractères ne se retrouvent pas parmi les sentiments qui ont déterminé les