106 LA GUERRE ET LITALIE son honneur et un homme de lettres français, qui lui était présenté* se félicita de connaître lé premier romancier de l’Italie contemporaine. « Je vaux encore mieux comme poète », répondit sans fausse modestië l’auteur de la Nave. Quand elle parlera de M. d’Annunzio, c’èst du poète, en effet, que la postérité se souviendra certainement avant tout, parce que c’est comme poète qu’il est arrivé au grand, au dernier tërme de la mission dé l’écrivain. C’est feomme poètfe qu’il aura le plus agi sur les hommes dans le langage desquels il chantait. Et c’est comme poète qué, par un retour naturel, il a été lui-même introduit à l'action. Nous verrons plus loin comment, à la suite de quelles circonstances, il a inscrit son nom à l'une des pages de l’histôire italienne qui ont le plus de chances de ne pas être oubliées. À travers les décisives journées romaines de mai 1915, on peut dire que c’est l’esprit lyrique de l’Italie qui a soufflé, l’œuvre poétique de d’Annunzio qui s’est réalisée. Disciple de Cardueci, son égal dans la haute école d’une métriqüè complexe et raffinée, aspirant comme lui aux sommets de l’art, Gabriele d’Annunzio, comme Carducci encore, aura été poète national. Mais c’est le poète national de la quatrième Italie qu’il faut dire, non plus l’Italie