23H LA GUERRE ET L'ITALIE magnat hongrois plus actif et plus âpre : la conversation garde la même allure et c’est toujours M. Sonnino qui la conduit. En vain la diplomatie allemande s’efforce-t-elle d’intervenir, de jeter des ponts, de chercher des moyens termes. Du côté italien, il y a une volonté inflexible, une clarté de vues qui écartent tous les pièges, rendent toutes les ruses inutiles, découragent les arrière-pensées de duperie. Du côté austro-hongrois, sous les habiletés auxquelles le négociateur a recours, on sent une résignation, un fatalisme devant la rudesse de l’attaque. L’Autriche a l'impression que louvoyer ne lui servira de rien : à gagner du temps, tout au plus. Elle a compris, dès la première note apportée par le duc d’A-varna, que son vieux duel avec le Piémont reprenait, qu’une quatrième rencontre armée était inévitable. « L'Italie et l’Autriche ne peuvent être qu’alliées ou ennemies. » Le mot célèbre de Nigra se lit en marge de toutes les dépêches du Livre vert. Le comte Berchtold, le baron Burian se défendent, rompent et parent, mais subissent le jeu de leur rude adversaire. Le prince de Bülow, qui voudrait être le directeur de ce combat diplomatique, s’efforce de détourner les coups droits. Mais le prince de Bülow propose et c’est M. Sonnino qui dispose.