44 LA GUERRE ET L’ITALIE serait plus que l’affaire de peu d’années... Là-dessus, Michelet, George Sand, presque tous leurs contemporains avec eux, se sont abusés gravement. Ce ne sont pas les libéraux allemands du Parlement de Francfort qui ont fait l’unité allemande : c’est Bismarck, c’est Moltke, ce .sont les Hohenzollern. Ce ne sont pas des républicains comme Manin ou comme Mazzini qui ont fait l’unité italienne : ce sont les princes de la maison de Savoie et c’est Cavour. Il faut convenir, toutefois, qu'au temps de Michelet et de George Sand, il était permis de s'y tromper et que l’illusion était, jusqu’à un certain point, excusable. Quels ont été, en effet, en Italie comme en Allemagne, les premiers partisans de l’unité nationale? Des libéraux, des démocrates, des jacobins même, qui représentaient les traditions de la Révolution française, qui étaient animés de l’esprit des Droits de l’Homme, qui se proposaient, comme les libéraux et les jacobins français, l’abolition des traités de 1815. La révolution de 1848, révolution non plus française seulement, comme celle de 1789, mais surtout européenne, marquait pour les nationalités un éveil, un progrès considérable. En Italie, le mouvement unitaire et national se confondait d’autant plus étroitement avec le mouvement démocratique qu’il