LE MOIS HISTORIQUE DE L ITALIE (MAI 1915) 263 années déjà, où trois des personnages destinés à jouer un rôle de premier ordre dans les circonstances que nous racontons, nous étaient apparus côte à côte, réunis par les conventions du monde qui rassemblent amis et ennemis dans les mômes salons. Il y avait réception au palais Farnèse. Sous les voûtes magnifiques, où sont peintes les puissantes mylhologies de Carache, affluaient, avec le personnel des ambassades, les représentants du monde politique italien et de l’aristocratie romaine. Il y avait aussi une mission militaire française, conduite par un général qui devait être gouverneur de Paris dans des circonstances tragiques. Combien, depuis, ont pu se rencontrer face à face sur les champs de bataille qui, ce soir-là, devisaient autour du buffet garni des vins d’une Champagne que les armées allemandes n’avaient pas encore ravagée ! Ce soir-là aussi, dans ces temps qui nous semblent si lointains, où la paix régnait encore sur l'Europe, l’ambassadeur de France avait invité le prince de Bülow, comme il avait prié tous les étrangers de distinction de séjour à Rome. Qui eût dit alors que l’ancien chancelier de l’Empire allemand, retiré dans sa villa Malta, à peu près comme Bismarck, après sa disgrâce, avait pris sa retraite à Varzin, serait bientôt chargé par sou maître de