LA TRADITION NATIONALISTE 83 ger, cette jeune milanaise, issue de l’illustre famille des Trivulce, avait été associée dès l’enfance aux premières espérances et aux premiers combats des patriotes italiens. A seize ans, Christine Trivulce épousait le prince Belgiojoso. C’était au moment du congrès de Vérone, où la Sainte-Alliance prenait des mesures de précaution contre les symptômes d’agitation qui paraissaient en Italie. Les carbonari étaient poursuivis, les ventes dissoutes. La princesse qui, avant son mariage, avait été gardiniera, comme s’appelaient les femmes dans les sociétés secrètes, dut prendre le chemin de l’exil. Une aventureuse carrière commençait pour elle. Semblable à tant d’autres Italiens du Risorgimento, elle allait mener désormais la vie de chevalière errante et elle aurait pu dire, comme Massimo d'Azeglio plus tard : « J’ai pris domicile sur la grande route. » Ses tribulations avaient commencé par un divorce. Le prince Belgiojoso et sa femme n’avaient pu se comprendre. Peut-être étaient-ils tous deux des natures trop passionnées. Belle, la princesse devai t être beaucoup aimée : sa longue et très tendre liaison avec Mignet est célèbre. Quant au prince, il fut lui aussi le héros d’une idylle, — une idylle qui fut en son temps un scandale. Un jour* il disparut de Paris, et en même temps que