154 LA GUERRE ET L'ITALIE plus de deux ans, lai dédiait Gabriele d’Annunzio : « 0 Hélène, qui, au front de nos morts, — voyez « empreinte la vertu de Rome, — pour le grand « pacte latin, aujourd’hui vous portez — la ver-« veine augurale dans vos cheveux. » Tandis que brille le renouveau de l’amitié franco-italienne, il est juste de penser aux grands cœurs et aux nobles femmes, aux foules ardentes et aux poètes qui l’auront préparé. Mais disons-nous bien qu’il eût suffi que quelqu'un ne le voulût pas pour que cela n’eût pas lieu. Et ce quelqu’un, c’était le roi. L’exemple de la Bulgarie, de la Roumanie, de la Grèce nous aura ces temps-ci montré que la sympathie des peuples pour la cause de la France n’était pas toujours une raison suffisante pour entraîner les gouvernements. Le « oui » qu’a dit Yictor-Emmanuel III n'a donc pas eu moins d’importance que le « non » que les Ferdinand et les Constantin ont prononcé. Il aura fallu ces graves circonstances pour révéler que le pouvoir royal n’était pas, dans l’Europe contemporaine, aussi dépourvu d’effet, aussi figuratif qu’on avait tendance à l’imaginer.