L’ITALIE N’EST PLUS LA TERRE DES MORTS 113 Français qui, sous la monarchie de Juillet et sous la deuxième République, réclamaient une intervention en faveur, de l’Italie opprimée, ceux qui, plus tard, acclamaient Napoléon III, docile au vœu des nationalités et partant pour les champs de bataille de Lombardie, ces Français eussent été bien étonnés si on leur eût dit que les Italiens voulaient que leur patrie fût enfin autre chose que la terre d'art et de beauté, le pays où l’oranger fleurit parmi de nobles ruines. Ce que la France n’a pas compris, à ce moment-là, c’est que l’Italie voulait « vivre sa vie ». La France concevait romantiquement une Italie qui se concevait elle-même dans l’esprit le plus positif, le plus réaliste, le plus pratique. Le contre-sens était grave. Il a eu pour effet de créer entre les deux pays un malentendu qui s’est prolongé jusqu'à nos jours. **#■ C’est en vain que, de très bonne heure, quelques esprits informés ou clairvoyants avaient donné sur ce point de sages avertissements à la France. Marc Monnier écrivait un livre dont le titre, à lui seul, constituait une indication : L’Italie est-elle la terre des Morts ? C’était, cela,