LE MOIS HISTORIQUE DE L ITALIE (MAI 1915) 221 dont la capitale, le mois précédent, avait été le théâtre, ces manifestations dont le télégraphe nous avait donné des comptes rendus succincts, insuffisants, un peu confus. Enfin, si les habitants de la Ville conservaient toujours cette dignité et cette gravité romaines que rien ne semble capable d’émouvoir, un peu d’observation permettait de découvrir que de grandes passions venaient d’agiter les esprits. La tempête apaisée, des rides paraissaient encore sur Fonde. Le soir, sur les places, la coutume du Romain est de s’assembler, de « faire forum». Ces temps-ci, on sentait le forum vibrant de luttes récentes. Un cri, une rumeur, un incident de la rue, — étranger suspect, soupçonné d’espionnage, ou pessimiste rudement sommé de ne plus répandre ses propos alarmants, — et aussitôt la vague populaire avait tendance à se reformer... Tous ces phénomènes de la vie superficielle de la cité se groupaient, s’illuminaient, prenaient un sens très fort, lorsque l’on découvrait bientôt que, dans la réalité des choses, Rome, au cours des dernières semaines, venait de se comporter en véritable capitale, cœur et cerveau de tout un peuple, et de vivre les journées les plus décisives par lesquelles elle eût passé depuis qu’elle sert de siège au gouvernement de la nouvelle Italie.