206 LA GUERRE ET L’ITALIE maîtrise, toutes doivent en avoir la jouissance, et, parmi les puissances, une des premières places a été conquise et sera gardée par l’Italie. Si l’allusion au mare nostrüm était significative, on n’avait pas moins remarqué l'insistance avec laquelle M. de San Giuliano avait parlé des bons rapports de l’Italie et de l’Autriche. « Collaboration intime », « intérêts identiques », « amitié réciproque. » Jamais peut-être langage pareil, aussi prévenant, n’avait été tenu à l’adresse de l'allié autrichien. Et l’on n’était qu’à deux ans de la rupture ! Il put sembler alors que les temps de Crispi allaient renaître, que la politique italienne abandonnait le judicieux équilibre qu’elle avait retrouvé depuis quinze ans. On s’y trompait si bien en Autriche qu’un journal viennois écrivait que jamais discours plus favorable à l’idée de la Triple-alliance n’avait été prononcé en Italie. Pourtant, une exégèse plus soigneuse du discours de M.de San Giuliano permettait d’entrevoir des nuances appréciables. Si l’Italie tenait à affirmer très haut qu’elle n’était disposée à soumettre à aucun contrôle son action dans la Méditerranée,- elle indiquait avec une suffisante clarté, pour qui savait lire, qu’elle n’entendait pas introduire le loup dans la bergerie ni se