LA TRADITION NATIONALISTE 99 de l’Autriche qui opprimait sa terre natale : nationaliste par conséquent. Or, ces amours et ces haines faisaient, en ce temps-là, qu’indépendamment même de son culte pour les lettres latines, Carducci devait être classique. Pour Carducci et pour le groupe de jeunes gens dont il faisait partie durant ses rudes années d’apprentissage, et qui s’intitulaient insolemment les « amici pedanti », le romantisme, importation étrangère, venu du Nord, venu d’Allemagne, représentait, dans l’ordre intellectuel, la servitude imposée dans l’ordre politique aux Latins par les « Tedeschi », par l’étranger barbare. Pour affranchir l’Italie de la domination étrangère, il fallait commencer par libérer les esprits italiens, les arracher aux modes littéraires venues d’Al-magne, les ramener aux sources latines. Carducci était classique parce qu’il était patriote : « Laisspns-la, disaient ses premiers vers, lais-r sons-la gémir et fatiguer ses regards infirmes dans la contemplation de l’astre pâle, cette scélérate, cette abstinente famille des romantiques. A nous, race italique, qu’ils continuent de sourire, les dieux du Latium, la mère des Enéades et l’harmonie d’Horace... Ton bel Apollon, ô Flaccus, a fui la terre latine, cédapt la place à Teutatès et au difforme Odin ; maintenant, c’est des Alpes