LA GUERRE ET L'ITAI.IE qui eut voulu croire, il y a seulement vingt ans que, dans une période de tourmente, la Rente italienne se comporterait mieux et ferait meilleure figure que la Rente française ? Qui eût osé formuler ce paradoxe insolent ? On raconte qu’un de nos financiers les plus illustres, une des autorités de la science économique, en même temps une des puissances de la banque française, avait été sollicité, voilà environ dix ans, de s’intéresser et d’intéresser les capitaux français aux affaires italiennes. Pourtant très expérimenté et, à l’ordinaire, très clairvoyant, il avait opposé un refus et laissé percer sa véritable raison : une invincible méfiance à l’égard de l’Italie, qu’il ne voulait pas prendre au sérieux, où il ne voyait qu’un pays de joueurs d'accordéon et de lazzarones. Le résultat fut que la banque allemande prit la place que la France laissait libre. Etrange pays que le nôtre ! Il est peut-être le premier du monde dans les lettres, les arts, l’invention. En ce moment même, il donne des preuves quotidiennes d’héroïsme, de volonté, d’énergie, et son ressort moral est incomparable. Cependant, lorsqu’il s’agit d’utiliser ces dons, d’en faire profiter la vie nationale, il semble qu’une faculté lui. manque. Les Français d’aujourd’hui,