100 LA GUERRE ET L'ITALIE germaniques, des Alpes glacées que les muses nous viennent, et ce vil troupeau trouble les fontaines d’Hélicon. » On le voit : les « amici pe-danti » n’y allaient pas par quatre chemins. Même ils poussaient le nationalisme littéraire jusqu’à traduire, par dérision, les noms des romantiques étrangers les plus fameux et à appeler Byron Birono, Lamartine La Martina et Chateaubriand Castelbriante. Carducci et ses amis avaient une autre raison de haïr le romantisme. Ils y voyaient, en même temps que le signe de la domination étrangère, celui de la réaction politique. En effet, le romantisme primitif, celui qui avait d’abord pris ce nom en Allemagne, était mystique et moyenâgeux : c’était ce que détestait en lui Henri Heine autant que Gœthe. La France aussi, pendant un temps (celui de la Bestauration) a connu ces « chevaliers du gothique larmoyant » : qu’on se souvienne de Victor Hugo légitimiste et de ses Odes et ballades. Le jeune Carducci poursuivait toute cette littérature d’une haine « à la Cati-lina ». Et de même que les Rimes, ses premiers vers, étaient bourrées de citations latines, de tours, d’expressions et d’images empruntés à l’antiquité, ses idées politiques étaient un écho de Taçite et de Ju vénal.