LA GUERRE ET L’ITALIE prudence. Pour ces calculateurs, les propositions de l’Autriche étaient plus qu’acceptables, elles étaient tentantes. « Prenons donc ce qu’on nous « donne pour rien, pensaient-ils. Si ce parecchio, « ce quelque chose qui paiera notre neutralité, « n’est pas tout à fait ce que nous pouvons dési-« rer de mieux, il aura du moins l’avantage de « n’avoir coûté ni une goutte de sang italien ni « un sou de notre trésor... » Arguments propres à porter, assurément, sur un grave Sénat, chenu, un peu timoré, se défiant des coups d’enlhou-siasme. Arguments plus péremptoires encore, arguments irrésistibles en face d’une assemblée d’actionnaires. M. Giolitti comptait, le jour où la discussion viendrait devant la Chambre, emporter aisément les objections et les obstacles avec son autorité, son prestige, sa dextérité de grand parlementaire. Quant à l'opinion publique, il ne la faisait pas entrer dans ses" calculs. C’est pourquoi on le vit écarter comme d’importuns et négligeables murmures les cris : A bas le parecchio ! poussés à Turin sur son passage par quelques étudiants. A Rome, pourtant, il devait retrouver, à sa vive surprise, ces manifestations singulièrement grandies et chaque jour grossissantes. Le public avait eu l’intuition très nette que posée, telle quelle, devant la Chambre, la question serait