L’ITALIE N’EST PLUS LA TERRE DES MORTS 131 M. Gabriele d'Annunzio. Ils lui ont reproché d’avoir cultivé « la poésie maladive et nostalgique de la distance et du souvenir ». Bref, M. d’An-nunzio était rangé par eux, ce qui constituait la suprême injure, au nombre des « passéistes ». Une heure est venue, pourtant, où ils ont dîi l’applaudir, se reconnaître dans ses paroles : il est vrai que toute l’Italie contemporaine s’y sera reconnue en même temps. Ce fut dans une de ces soirées presque révolutionnaires du mois de mai 191S où cent cinquante mille Romains recueillirent, de la bouche du poète, le mot d’ordre de l’action. Et dans la ville du tourisme, dans cette « eosmopolis », on entendit acclamer ces mots : « Non, nous ne sommes pas, nous ne voulons pas être un musée, un hôtel, une villégiature, un horizon peint en bleu de Prusse pour les lunes de miel internationales. » Peut-être ne restera-t-il pas autre chose du « futurisme » que ces paroles et cette soirée. Mais, par là, le « futurisme » aura montré qu’il était, plus qu’il n’en avait l’air, dans le développement, dans la ligne et dans l’instinct de la « quatrième Italie. » Ce qui aurait du frapper avant tout l’observateur véritable, — celui qui ne néglige rien, — c’est que cette éeole, qui séduisait, qui intéressait au moins une partie de la jeunesse italienne en