LES ADAPTATIONS DE LA MAISON DE SAVOIE 53 maison et son peuple, pour que Charles-Albert, de roi de la Sainte-Alliance, se transformât en roi de la Révolution. C’est à Metternich qu’il devait sa couronne. Et, en échange de la reconnaissance de ses droits, soutenus par l’Autriche contre ses oncles eux-mêmes, il avait dû secrètement promettre de toujours maintenir l’ancien régime et l’absolutisme en Piémont. 11 semble bien que la jeunesse libérale de Turin qui, dès 1821, s’insurgeait en acclamant Charles-Albert, l’ait compromis contre son gré. Car on le voit combattre en Espagne pour Ferdinand contre les Constitutionnels, obtenir, mais trop tard, de Charles-Félix la permission de venir à Paris défendre Charles X aux journées de juillet, enfin, devenu roi à son tour, réprimer vigoureusement l’insurrection piémontaise. En 1820, un demi-siècle avant que son propre fils eût fait de Rome sa capitale, Charles-Albert écrivait ceci : « Les biens « dont on dépouille l’Eglise portent malheur à « qui les acquiert. Comme, lorsqu’un très grand « crime est commis, Dieu en punit non seule-« ment l’auteur ici bas, mais môme offre sur lui « à la société des leçons terribles. » Quel abîme, et puis quelle lutte, entre ces idées, qui étaient les idées traditionnelles de la maison de Savoie et les idées qui devaient faire de la monarchie