LES ADAPTATIONS DE LA MAISON DE SAVOIE L'histoire des révolutions italiennes au xixe siècle est longue, confuse, obscurcie encore par les passions et les rivalités. Un grand fait les domine et explique leur succès final : il y avait en Piémont une dynastie antique et bien assise qui formait, au milieu des agitations, un élément de continuité et de force. L’un après l’autre, tous les patriotes italiens, malgré des erreurs, des illusions, des défaillances, sont venus reconnaître que le salut de leur idée résidait dans une alliance avec la maison de Savoie. De gré ou de force, — et la force, ici, s’appelait évidence et nécessité, — ils ont dû avouer, chacun à son tour, que l’Italie ne pouvait prendre forme et conscience que par la plus vigoureuse, la plus ambitieuse en môme temps de ses dynasties, la seule aussi qui eût le sens du patriotisme italien. A ce nationalisme, Charles-Albert sacrifiait sa foi et ses traditions, comme Mazzini et Manin leur idéal démocratique. Sur un point, pourtant, il était inébranlable : c’était pour tout ce qui touchait à son autorité. Quand il refusait une constitution à son peuple, Charles-Albert déplorait, comme il le disait un jour à Robert d’Azeglio, qu'on ne le comprît pas. Il pensait qu'une constitution aurait affaibli la monarchie, et, affaiblir la monarchie en Piémont, c’était retirer des