90 LA GUERRE ET L’ITALIE sultats de la guerre de Crimée et du Congrès de Paris, qui avait intimidé l’Autriche et l’Italie, les avait contraintes de rester dans la neutralité. Ainsi Nigra, qui avait si bien servi son pays, ne voulait pas, pour son honneur de gentilhomme, de la tache qu'eût été le soupçon d’une trahison envers le pays dont il avait été l’hôte fêté, admiré et aimé... La princesse Belgiojoso, le chevalier Nigra, ont été, dans leur sphère élégante et mondaine, des ouvriers de la résurrection italienne, comme un Cavour, un Garibaldi, un La Marmora. Mais, à côté de ces brillantes étoiles, que de héros obscurs ! A côté de ces carrières illustres, récompensées par la gloire, combien de dévouements qui n’ont eu de salaire que dans la satisfaction d’un patriotisme passionné ! Au cours de ce xixe siècle, qui a vu renaître et fleurir tant de nationalismes, à côté des épopées tragiques qu’ont écrites l’Alsace-Lorraine, l’Irlande, la Pologne, la Bohême, les peuples slaves des Balkans, le martyrologe italien a eu des pages magnifiques. Il s’en dégage un enthousiasme et un idéalisme qui, à distance, auront encore agi, en 1913, sur les sentiments et la volonté du peuple italien.