L'ITALIE N'EST PLUS LA TERRE DES MORTS 133 bruyants qu’influents se trouvaient, en somme, d’accord avec les tendances les plus puissantes de leur pays et de leur temps ? Depuis, d’ailleurs, les jeunes artistes « futuristes » ont salué avec enthousiasme la guerre désirée, obtenue en dépit de la résistance de certaines des forces « passéistes » combattues par eux. Et, en masse, ils sont partis pour le front. Ils l’avaient voulu : leur volonté était faite. Dans la mystérieuse élaboration des mouvements populaires pareils à celui qu’a traversé l’Italie, qui pourra définir jamais la part exacte de chaque homme, de chaque idée? Les « futuristes » ont rejeté de très haut et dédaigné Frédéric Nietzsche. Ils ont haï en lui la philosophie allemande. Et puis , de quelle renommée n’ont-ils pas fait carnage ? Cependant il a certainement passé chez eux, sous la forme d’ailleurs la moins raffinée, de l’esprit et du paradoxe nietzschéens. Le monde germanique a été envahi, lui aussi et en même temps, par ces adaptations grossières et rudimentaires du nietzs-chéisme, réduit au surhomme, au « soyons durs », à la « morale des maîtres », à la critique de la pitié. Et là encore se découvre comme une étrange affinité entre l’Italie et l’Allemagne...