L'ITALIE N’EST PLUS LA TERRE DES MORTS 129 son de leur caractère excentrique ou que l’on se bornait à considérer comme des curiosités, sinon comme des difformités de l’intelligence. On avait tort : il fallait y voir au moins des symptômes. Sans aller jusqu’à soutenir que le paradoxe est seul fécond et qu’il représente toujours la vérité du lendemain (l’histoire complète des opinions paradoxales aurait trop de chances de tourner à l’apothéose des opinions moyennes), il faut se garder de n’accorder d’attention qu’aux idées reçues. C’est un préjugé bourgeois, une conception scolaire qui n’attribuent de valeur et d’action qu’aux doctrines officielles, celles qui triomphent dans les académies et les parlements, tandis qu’à l’autre extrémité du monde intellectuel, dans une sorte de quarantaine idéologique, se tiendraient les doctrines réprouvées. Le « futurisme » a été, en Italie, l’une de ces doctrines. Le nationalisme en a été une autre. Et l’on ne jurerait pas que les adeptes de ces systèmes, qui passaient, aux yeux des personnes de bon sens, pour des mystificateurs ou des exaltés, n’aient pas quelquefois succombé à la tentation d’étonner la bourgeoisie et de vexer le philistin. C’est un travers, c’est un vice qui se représente à l’origine de toutes les jeunes écoles : les « futuristes » s’y sont copieusement adonnés. Mais, à