404 LA GUERRE ET L’ITÀLIE ses Odes barbares auxquelles il donnait ce nom, parce que, disait-il avec modestie, c’est ainsi que les eussent appelées les anciens. Carducci vécut vingt ans encore, poète de la nouvelle Italie, classique et nationaliste toujours. Il a été l’aède , de l’irrédentisme. Tous les pa-triotes.savent, on répète de toutes parts, en ce moment, le Salut italique : « Oh ! vers la belle mer de Trieste, vers les montagnes, vers les âmes des morts, avec l’année nouvelle, envolez-vous, antiques vers italiques... Saluez, dans le golfe Gius-tinopoli, la perle de l'Istrie, et le port aux eaux vertes et le lion de Muggia!... » Carducci avait fait, en 1893, une adhésion explicite et formelle à la monarchie. Il avait môme un peu atténué sa vieille haine du catholicisme. Comme une réponse à une pièce bien connue de ses Odes, pleine de sarcasmes et de blasphèmes (« dans une cathédrale gothique »), il avait écrit un poème à propos de la restauration par souscription publique de l’église de Polenta, celle où s’étaient agenouillés Francesca et Dante. Et ce fut une surprise universelle de lire sous la plume du poète qui naguère encore jetait l’adieu retentissant au « semitico nume » (à Jésus, « divinité sémitique ») ce fut une surprise de lire ces vers attendris : « Salut petite église ! 0 nation aux vies