L'ITALIE N’EST PLUS LA TERRE DES MORTS 141 sentent enfin une autre forme de ces nobles cimetières, de ces sépulcres blanchis qui pesaient sur lui et dont il a voulu s’affranchir. L’Italie a eu, —- comme l’Allemagne, — ses révolutions intérieures au xixe siècle. Elle en garde encore un bouillonnement, un besoin d’agir. Comme ses forces se sont décuplées depuis que son unité s’est faite, c’est au dehors qu’elles tendent à s’employer et à se répandre. L’énergie à la fois révolutionnaire et nationaliste du peuple italien devait le porter fatalement aux grandes entreprises extérieures. Il vient, sous nos yeux, de pénétrer hardiment dans cette voie et tout fait prévoir que, de longtemps, il ne s’y arrêtera plus. Ce qu’il importe surtout de bien connaître, de bien comprendre, c’est l’esprit de l’Italie contemporaine. Dans l’été de 1915, j’étais allé voir un écrivain d’art réputé, habitant une grande cité d’Italie. Et comme nous parlions de Reims et de la destruction de la cathédrale par les Allemands, je lui demandai si tant d’actes de vandalisme n’avaient pas produit beaucoup d’indignation chez les Italiens et n’avaient pas été un des facteurs qui les avaient déterminés à intervenir : « —Ne confondons pas, me dit-il. Bien entendu, je ne regarde pas comme bien fondé le prétexte que les Allemands ont invoqué pour détruire la