LES ADAPTATIONS DE LA MAISON DE SAVOIE 71 sonnels à l'intérêt de son pays. Une fois passée la période de l’enfantement, il fut de ceux qui eurent pour arrière-pensée de faire oublier les origines révolutionnaires de la nouvelle monarchie et de la réconcilier peu à peu avec les éléments conservateurs. Ce fut l’œuvre à laquelle il voulut se consacrer lorsqu’en 1893 il fut appelé à réparer les erreurs de Crispi. Mais le marquis Di Rudini était obsédé par une inquiétude : il tremblait toujours pour l’unité de l’Italie, unité conquise au prix de tant de peines et qui n’eût jamais été réalisée sans un concours de circonstances dont quelques-unes, comme l’appui de la France, étaient en somme inespérées. Aussi surveillait-il sans repos les éléments de division qui, dans la jeune Italie, pouvaient survivre à l’œuvre unitaire. A droite et à gauche, au Sud et au Nord, il distinguait partout des adversaires de l'unité. Il n’en était que plus fermement attaché à la dynastie, sans qui la ruine de l’œuvre nationale, la décomposition de la péninsule lui paraissaient inévitables. Deux fois, en effet, M. Di Rudini avait eu à lutter contre des insurrections où lui était apparu le danger du séparatisme, avec la confirmation des angoisses que la fragilité de l'Italie-une lui inspirait. Ces deux soulèvements étaient fort dis-