228 LA GUERRE ET L ITALIE Pendant la maladie et quelque temps après la mort du marquis de San Giuliano, M. Salandra avait dirigé par intérim les affaires étrangères. Un instant, on crut qu’il s’en chargerait d’une manière définitive. Quelque tentation qu’il en ait pu avoir, quelques suggestions qui lui eussent été apportées (car déjà l’astre de M. Salandra commençait à grandir), le président du conseil préféra conserver le portefeuille de l’intérieur. Au surplus, les événements mûrissaient. La guerre européenne s’étendait à l’Orient par les provocations que la Jeune Turquie germanisée multipliait envers la Triple-Entente, et l’Italie se voyait appelée à envisager la sauvegarde de ses intérêts dans cette Méditerranée orientale où elle a tant de projets d’avenir. Une tendance de plus en plus forte se manifestait dans l’opinion publique en faveur d’une préparation de l'Italie à toute éventualité. Au cœur du gouvernement lui-même, des divergences de vues s’accusaient certainement aussi, car, au commencement du mois de novembre 1914, M. Salandra apportait au roi la démission du ministère. Et Victor-Emmanuel III, après quelques conversations avec les chefs des groupes parlementaires, chargeait de nouveau M. Salandra de composer le cabinet. Dans cette combinaison, mise rapidement sur pied, on re-