94 LA GUERRE ET L’ITALIE velle période de la lutte contre l’Autriche, et qui, comme Orsini, avait joué sa tète dans une tentative manquée de régicide, Guillaume Oberdank s’était nourri, inspiré, exalté des exemples laissés par les patriotes du risorgimento. Il avait rêvé de recommencer pour Trieste ce que d’autres avaient fait pour Venise et pour Milan. Dans sa chambre d’étudiant solitaire, où il avait formé le projet d’assassiner l’empereur François-Joseph, d’abattre le tyran, il s’était enivré d'histoire, de souvenirs sublimés par la littérature et la poésie. Tandis qu’il dirigeait son arme contre le Habsbourg, mille suggestions agitaient son esprit. Et peut-être les derniers vers du Salut italique, le jour de son exécution, remontèrent-ils à sa mémoire : « En face de l’étranger qui campe encore, armé, sur notre sol, chantez, chantez ; Italie ! Italie ! Italie ! » #** Car cette action de la littérature sur les destinées du peuple italien a été considérable. Elle ne saurait être exagérée. Nous n’avons rien, en France, nous ne pouvons rien nous représenter de pareil. Nos plus grands poètes du xixe siècle ont chanté l’humanité, la libérté, la gloire^ plu-