LA TRADITION NATIONALISTE 103 vait pas s’arrêter là : on vit, avec surprise, Car-ducci sacrifier à (< l’Apollon cimbre *>, apprendre l’allemand, traduire et imiter ces barbares qu’il avait jadis tant raillés, se mettre à l’école d’Uh-land, composer des ballades... Ce fut l'erreur de quelques années d’agitatioli et de fièvre* Après 1870 et la prise de Rome, Cardilcci, dont le tempérament révolutionnaire voulait toujours protester contre quelque ehost1, avait continué son opposition violente : l’Italie nouvellë ne contentait pas son idéalisme. Elle était monarchique* et il restait républicain. Mais il n’était pas d’égards que le régime n’eût pour lui, et, insensiblement, la raideur du poète vis-à-vis de la royauté mollissait. En même temps, il revenait au classique : par Goethe, il s’était évadé de l'Allemagne, il avait retrouvé le chemin de l’antiquité. Son évolution politique fut contemporaine de celte contre-évolution littéraire. En 1878, Carducci publia son Ode à la reine. Ce fut un événement. Par un hommage personnel à l’esprit et à la beauté de la reine Marguerite, le poète annonçait adroitement son ralliement à la royauté. « D’où es-tu venue ? Quels sont les siècles qui t’ont transmise à nous si aimable et si belle? Dans lequel des chants des poètes, où donc* un jour, ô reine, t’ai-je vue? » Ainsi chantait-il dans