74 LA GUERRE ET L1TALIE son trône fût en danger. Il considéra le radicalisme et la de'mocratie comme des modes sujettes à passer, mais qu’il eût été imprudent de contrarier quand elles étaient dans toute la force de leur vogue. Les Savoie n’ont pas commis la faute de s’obstiner à conserver leurs Polignac ou leurs Guizot. Ainsi Victor-Emmanuel ne songea môme pas à retenir ses vieux fidèles des luttes d’autrefois, les conservateurs et les modérés piémon-tais. Les radicaux lui ont donné raison. Ils ont montré qu’ils n’étaient pas si terribles qu’on le disait, qu’ils s’apprivoisaient fort bien au pouvoir. Et, plus tard, la droite, avec d’autres hommes, a retrouvé son tour : M. Salandra est aujourd’hui le représentant de cet esprit nouveau. Non moins hardi que son aïeul, Victor-Emmanuel III n’a pas eu peur du suffrage universel et l’événement lui a donné raison, à lui aussi, puisque, dès la première consultation électorale, le scrutin où toute l’Italie prenait part envoyait à la Chambre quatorze républicains seulement, moins que n’en élisait le suffrage restreint. Quels républicains, au surplus! M. Barzilaï figurait dans le nombre : aujourd’hui, à côté d’un conservateur comme M. Salandra, il est ministre de la monarchie. Le trône doit ôtre, dans un pays, le point d'où