LE MOIS HISTORIQUE DE L’ITALIE (MAI 1915) 233 ment. i\lais, en même temps, le discours de M. Sonnino était accueilli avec enthousiasme par l’opinion publique qui, tout de suite, y voyait l’annonce et le gage de l'intervention. Comme le disait, en quittant la séance, M. de Felice, député socialiste réformiste, « ces déclarations signifiaient la guerre. » On ne put s’y tromper en Europe. Et la presse allemande, le lendemain, reproduisait sans un mot de commentaire le discours de M. Salandra. Cette grande séance parlementaire devait porter sur-le-champ deux contre-coups extrêmement remarquables. D’abord, la mission du prince de Bülow comme ambassadeur extraordinaire à Rome, mission annoncée et démentie à plusieurs reprises, devenait aussitôt certaine et officielle. Le gouvernement impérial accusait singulièrement les soucis que lui causait l’attitude de son ancienne alliée en considérant qu’il ne fallait pas un moindre personnage que l’ancien chancelier pour tenter de résoudre la difficulté italienne. Ce rappel à l’activité d’un homme d’Etat tombé en disgrâce était, en effet, hautement significatif. Nul n’ignorait que Guillaume II eût gardé une sérieuse rancune contre celui qu’il nommait autrefois son « fidèle Bernard », qu’il avait fait prince après le