L'AVENIR faire pacifiquement les besoins ou plutôt les exigences des peuples. Vers la fin de ses jours, évo-quant devant Eckermann les convulsions dont il avait été le témoin durant sa longue vie, depuis la guerre de Sept ans jusqu’aux guerres de la Révolution et de l’Empire, Goethe exprimait l’appréhension que l’Europe revît des jours aussi troublés. « Ce que l’avenir nous réserve, disait-il, « il est impossible de le prophétiser. Cependant « je crains que nous n’arrivions pas de sitôt à la « tranquillité. Il n’est pas donné au monde d’être « modéré, aux grands de ne se permettre aucun « abus de puissance, à la masse de se contenter « d’une situation médiocre en attendant les amé-« liorations successives. » Il est permis de se demander aujourd’hui, après Gœthe, et à la lumière des événements qui se sont succédé depuis un siècle, si les causes qui engendrent les révolutions ne sont pas les mêmes qui engendrent les grandes guerres. Les unes et les autres ne sont peut-être que des formes de la lutte pour la vie. Qui sait si le désir, naturel à l’homme, du « mieux être », n’a pas été l’aiguillon qui, du jour au lendemain, a fait, d’une Allemagne presque socialiste, une Allemagne conquérante et guerrière? Cette guerre, à laquelle la France aura été contrainte pour défendre son existence