LA TRADITION NATIONALISTE 8;i borer, bon gré mal gré, à son œuvre. Elle savait utiliser jusqu’aux rancunes, à l’ambition et aux convictions tournantes de Thiers. La vie de société, la gloire littéraire, l'amitié, l’amour et même la bonne cuisine, Vincent Bellini et Buloz, l’Opéra et la Revue des Deux-Mondes, la princesse de Belgiojoso enrôlait tout au service de sa patrie malheureuse. Tout, selon elle, devait servir. Et, en effet, tout a servi. Il ne serait pas exagéré de dire que Magenta et Solférino sont venus, pour une grande part, de son salon. En tout cas, ce salon, ce milieu ne pourront être négligés par aucun historien des lettres, des mœurs et de l’esprit public au siècle dernier. La révolution de 1848 avait apporté une désillusion à la princesse Belgiojoso. Elle souffrit avec tous les patriotes italiens de la défaite de Novare, qui semblait anéantir les espérances d’unité. Mais surtout l’attitude de la seconde République, notre intervention à Bome, l’avaient froissée. Elle jura de ne plus reparaître dans ce Paris qui semblait l’avoir trompée. Cependant, dix ans ne s’étaient pas écoulés qu’elle pouvait voir les fruits portés par son zèle et sa propagande. Elle pouvait voir, devenu ministre du royaume d’Italie constitué avec l’aide de la France, ce petit Cavour, devenu si grand, et